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- C.F.
- 21 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 juin
Il existe un prodige dans l’histoire récente de la technologie. Une anomalie. Un système informatique mondial, ouvert à tous, sans aucun responsable central,…qui n’a jamais cessé de fonctionner. Ce système, c’est Bitcoin.
Depuis 2013, le réseau Bitcoin tourne sans interruption. Aucune panne. Aucun redémarrage global. Aucune réorganisation d’urgence. Aucune nécessité d’intervention humaine pour relancer la machine. La blockchain s’est contentée, bloc après bloc, de poursuivre son œuvre : sceller les transactions dans le temps, une fois toutes les dix minutes, à l’échelle planétaire.
C’est un fait brut, objectif, vérifiable. Et c’est, dans le monde de l’infrastructure numérique, un exploit quasiment sans équivalent.
Même les géants n’en sont pas capables. Le 12 juin 2025, Google Cloud Platform a subi une panne globale. Des dizaines de millions d’utilisateurs affectés. Des services critiques à l’arrêt. Et pourtant, GCP est l’une des infrastructures les plus avancées, les plus monitorées, les plus sécurisées au monde. Elle bénéficie de budgets colossaux, de milliers d’ingénieurs et de centres de données redondants. Ce n’est ni une faute, ni une honte. C’est simplement la réalité des systèmes centralisés : plus ils sont puissants, plus ils concentrent les risques.
En face, Bitcoin n’est ni rapide, ni bon marché, ni “user-friendly”. Mais il est inarrêtable. Et c’est précisément ce qui compte quand on parle de monnaie. Un réseau de paiement global ne doit pas seulement être efficace : il doit être indestructible. Là où le cloud est une boîte à outils pour faire au mieux du cinq neuf (99,999 %), Bitcoin affiche discrètement un 100 % depuis plus de dix ans. Sans contrat, sans comité, sans hotline. Il ne l’a pas promis. Il l’a fait.
Ce n’est pas un miracle. C’est une architecture. Une redondance extrême. Une austérité volontaire. Des règles simples, gravées dans le marbre du code et renforcées par des incitations économiques puissantes. C’est aussi le reflet d’un effet Lindy à l’œuvre : plus Bitcoin survit au chaos du monde, plus il gagne en crédibilité. Chaque année de fonctionnement renforce l’idée qu’il pourrait durer autant que l’Internet lui-même.
Et pourtant, pendant que Bitcoin illustre les vertus de la décentralisation, c’est l’exact inverse qui devient la norme dans le reste du numérique. Les systèmes d'information des entreprises, les services publics, les plateformes, les banques, les télécoms, les objets connectés : tout ou presque repose aujourd’hui sur trois piliers géants que sont AWS, Azure et GCP. Cette concentration des services critiques sur un si petit nombre d’acteurs est une fragilité structurelle majeure, souvent ignorée, rarement discutée.
Un incident sérieux chez un seul de ces fournisseurs peut désormais paralyser des pans entiers de l’économie mondiale. Ce n’est pas une hypothèse théorique : c’est déjà arrivé. Et cela arrivera encore. La centralisation produit certes de l’efficacité, mais elle détruit la résilience.
Bitcoin, lui, ne prétend pas remplacer le cloud. Il ne prétend pas héberger des applications, ni synchroniser les flux logistiques de la planète. Il fait une seule chose : garantir l'intégrité d'un registre monétaire public. Et il le fait mieux que tout autre système informatique jamais conçu.
Il serait temps que le monde prenne au sérieux cette anomalie fonctionnelle. Non pour tout y migrer. Mais pour en tirer une leçon : le système le plus fiable du monde n’est pas celui qui promet, c’est celui qui prouve. Le réseau Bitcoin n’a jamais promis qu’il fonctionnerait dix ans sans s’arrêter. Il l’a fait.