Lorsqu’on lit le papier écrit par les deux hauts dirigeants (Ulrich Bindseil et Jürgen Schaaf) de la Banque Centrale Européenne (ici), censé éclairer les citoyens sur la menace que représente Bitcoin, on est d’abord frappé par l’arrogance paternaliste qui se dégage de chaque ligne. Le Bitcoin serait, paraît-il, un danger public, un projet voué à l’échec, incapable de rivaliser avec la monnaie fiduciaire "moderne" que chérissent tant nos banquiers centraux. Il semble que la BCE ait pris en main une mission digne des croisades médiévales : sauver le peuple européen de sa propre naïveté, le protéger contre une innovation qui, au fond, pourrait menacer la rente de ses propres dirigeants. Mais voyons un peu plus loin, pour déconstruire cette litanie d’arguments biaisés et autoproclamés en faveur de la monnaie fiat.
Le principal grief de cet article repose sur la "dangerosité" de Bitcoin. Ce dernier, selon nos sages banquiers, serait le véhicule de toutes sortes de dérives économiques et sociales. Bitcoin, disent-ils, favorise les inégalités, ne respecte pas les fondamentaux d'une économie stable, et, surtout, met en danger les précieux monopoles monétaires dont les États sont les gardiens jaloux. Quelle ironie ! Ceux-là mêmes qui manipulent sans vergogne la monnaie, enchaînant les dévaluations et injectant des quantités astronomiques de liquidités au moindre soubresaut économique, osent parler de stabilité. Alors que les classes moyennes et populaires voient leur pouvoir d’achat fondre année après année sous l’effet de l’inflation, Bitcoin, de son côté, offre une proposition inverse : une monnaie durable, décentralisée, résistante à la manipulation. Mais cette solution est manifestement trop "effrayante" pour ces défenseurs d’un capitalisme de connivence qu’ils ne nommeraient pour rien au monde.
Dans leur article, ils présentent Bitcoin comme l’ennemi de la société, accusé de promouvoir l'inégalité par sa rareté programmée. Ce raisonnement est fascinant de mauvaise foi. En effet, nulle part ils ne mentionnent l’inégalité flagrante qui résulte des politiques monétaires actuelles. Ces dernières enrichissent sans cesse une élite financière parfaitement intégrée dans les réseaux d'influence, tandis que le reste de la population se voit réduit à des salaires stagnants et des dettes toujours plus lourdes. Quand la BCE décide d’injecter des milliards dans le système financier, qui en bénéficie réellement ? Les petits épargnants ? Les retraités ? Bien sûr que non. Ce sont les marchés financiers, les banques et les grandes entreprises, dont les profits explosent, sans que cela n’améliore d’un iota le quotidien du citoyen moyen. L’idée que la BCE vienne se poser en arbitre de l’égalité est presque comique : l’institution même qui profite d’une alliance incestueuse avec les marchés financiers se pose en défenseur de la justice sociale.
Bitcoin représente, par contraste, un retour à la discipline, une rupture face à la complaisance des autorités. Il incarne un modèle monétaire qui, loin de chercher à berner la population avec une "magie monétaire" aussi puissante qu’illusoire, se fonde sur la transparence et l’authenticité. Là où l’euro est sans cesse dévalorisé pour servir les intérêts de quelques-uns, Bitcoin offre un refuge pour ceux qui refusent de voir leur épargne réduite à néant par les caprices de politiciens et de financiers. La décentralisation, perçue par nos banquiers comme un problème, devient pourtant une garantie contre la connivence et l’arbitraire. Oui, Bitcoin est rare. Mais cette rareté ne profite pas à une poignée d’élites : elle est un socle de stabilité pour ceux qui y participent. Ce n’est pas Bitcoin qui appauvrit la population, c’est bien la folie inflationniste de la BCE et des autres banques centrales.
L’autre argument des auteurs consiste à diaboliser la consommation d’énergie de Bitcoin, l’associant à une forme de gaspillage nuisible pour la planète. Là encore, l’hypocrisie de cette attaque frôle le sublime. Les banques centrales, dans leur fonctionnement quotidien, alimentent des industries entières basées sur l’endettement et la surconsommation. Le capitalisme financiarisé qu’elles soutiennent exige toujours plus de croissance, toujours plus d’exploitation des ressources, au détriment de l’environnement et des générations futures. Contrairement à la machine à imprimer les billets qui fonctionne sans interruption, Bitcoin impose une rigueur et une limitation. La "preuve de travail", pilier de la technologie Bitcoin, n’est pas un gaspillage : c’est le coût nécessaire pour garantir la sécurité et l’indépendance du réseau. Là où la BCE peut créer des milliards d’euros sans effort, Bitcoin exige un investissement, un sacrifice. C’est peut-être le détail qui échappe à nos dirigeants : une monnaie qui coûte quelque chose est moins susceptible d’être manipulée à loisir par ceux qui, eux, ne veulent aucun effort, aucune limite.
Les auteurs se lamentent aussi que Bitcoin serait "dangereusement anarchique", menaçant de détruire l’ordre et la cohésion sociale. Cet argument, outre son absurdité manifeste, trahit surtout une peur bien plus profonde : celle de perdre le contrôle. Bitcoin n’est pas anarchique ; il est ordonné, régulé par un protocole informatique rigide, et fondé sur des principes bien plus transparents que ceux des banques centrales. En réalité, ce sont bien les monnaies fiat, dont la valeur dépend de décisions arbitraires, qui plongent les économies dans des crises successives. Quant à l’ordre social, nos banquiers oublient étrangement les troubles causés par leurs propres politiques. Que dire de la montée des populismes, conséquence directe des inégalités créées par ce système monétaire ? Que dire de la colère qui monte face aux classes dirigeantes, coupées des réalités et protégées par leurs privilèges ? Ce que Bitcoin remet en question, ce n’est pas la société elle-même, mais l’idée que cette société doive être gouvernée par des technocrates déconnectés.
La BCE continue d’agiter le spectre de l’instabilité pour justifier ses manœuvres. L’instabilité, pourtant, n’est pas l’œuvre de Bitcoin, mais bien des politiques de relance incessante, de quantitative easing sans fin, et d’une dette publique astronomique. Bitcoin, au contraire, offre une stabilité inédite, précisément parce qu’il est conçu pour ne pas dépendre des politiques monétaires hasardeuses de bureaucrates en quête de croissance artificielle. Nos dirigeants semblent terrifiés par l’idée d’une monnaie qui ne les écoute pas, qui ne se plie pas à leurs "ajustements" permanents. Leur critique est, en fait, la meilleure preuve que Bitcoin incarne une menace pour ce capitalisme financiarisé. En réalité, cette critique n’est pas tant une attaque contre Bitcoin qu’une confession involontaire de la fragilité du système monétaire actuel.
À lire ces pages, on se demande alors pourquoi ces dirigeants de la BCE semblent à ce point obsédés par Bitcoin. Après tout, s’il était aussi insignifiant qu’ils le disent, pourquoi y consacrer tant d’énergie ? La réponse est simple : Bitcoin n’est pas une alternative inoffensive ; il est une alternative radicale. Bitcoin met à nu la dépendance maladive de nos économies aux manipulations monétaires. Il révèle l’échec des monnaies fiduciaires, incapables de préserver la richesse des individus autrement qu’en favorisant une minorité et en dilapidant l’avenir.
En fin de compte, cet article de la BCE n’est pas tant une critique de Bitcoin qu’une défense d’un système bancaire au bord de l’épuisement. Loin de répondre aux questions que Bitcoin pose sur la validité de leur monopole, ils s’entêtent à le dépeindre comme une menace, incapable de concevoir qu’une monnaie puisse exister en dehors de leur contrôle. Mais ce qu’ils refusent de comprendre, c’est que l’ère de la magie monétaire touche à sa fin. Le monde a évolué, et le Bitcoin est là pour rappeler que la discipline monétaire et la responsabilité ne sont pas des reliques du passé, mais les fondements d’une société libre et juste.
##English version##
Bitcoin vs. European Central Bank (ECB)
When one reads the paper written by the two high-ranking officials (Ulrich Bindseil and Jürgen Schaaf) of the European Central Bank (here), supposedly enlightening citizens on the dangers of Bitcoin, one is immediately struck by the paternalistic arrogance in every line. Bitcoin, they suggest, is a public menace, a project doomed to fail, unable to compete with the "modern" fiat currency that our central bankers hold so dear. It seems the ECB has taken on a mission worthy of a medieval crusade: to save the European people from their own naivety and protect them from an innovation that might actually threaten the officials’ own rent-seeking status. But let’s go a bit deeper to dismantle this litany of biased and self-proclaimed arguments for fiat currency.
The article's main grievance is Bitcoin's “dangerousness,” which allegedly promotes economic and social deviation. Bitcoin, they say, favors inequality through its programmed scarcity, failing to respect the fundamentals of a stable economy, and, above all, endangering the sacred monetary monopolies guarded so jealously by the state. Oh, the irony! The very ones who shamelessly manipulate money with relentless devaluations and astronomical injections of liquidity at the first hint of economic turmoil dare to talk of stability. While the middle and working classes watch their purchasing power erode year after year from inflation, Bitcoin, in contrast, offers an alternative: a sound, decentralized currency immune to manipulation. But this solution is evidently too "frightening" for these defenders of crony capitalism, whom they’d never call out for the world to see.
They present Bitcoin as the enemy of society, accused of fostering inequality through scarcity. This reasoning is fascinatingly disingenuous. Nowhere do they mention the blatant inequality resulting from current monetary policies. These policies continually enrich a financial elite well-integrated into influence networks while the rest of the population is left with stagnant wages and increasing debt. When the ECB decides to inject billions into the financial system, who really benefits? Small savers? Retirees? Of course not. It's the financial markets, banks, and large corporations, with their profits ballooning, without an iota of improvement for the average citizen. The idea that the ECB would pose as an arbiter of equality is almost comical. The very institution that benefits from an incestuous alliance with financial markets presents itself as a defender of social justice.
Bitcoin represents, in contrast, a return to discipline, a rupture from the complacency of the authorities. It embodies a monetary model that, far from seeking to deceive the public with a powerful yet illusory “monetary magic,” is rooted in transparency and authenticity. While the euro is constantly devalued to serve the interests of a select few, Bitcoin provides a safe haven for those who refuse to see their savings evaporate due to the whims of politicians and financiers. Decentralization, which our bankers view as a problem, becomes a safeguard against cronyism and arbitrariness. Yes, Bitcoin is rare. But this scarcity doesn’t benefit a handful of elites: it’s a foundation of stability for those who participate. It is not Bitcoin impoverishing the population; it is the inflationary folly of the ECB and other central banks.
Another of the authors’ points is to demonize Bitcoin’s energy consumption, equating it with a harmful waste. Again, the hypocrisy of this attack is almost sublime. Central banks, in their daily operations, fuel entire industries based on debt and overconsumption. The financialized capitalism they support demands ever more growth, ever more resource exploitation, at the expense of the environment and future generations. Unlike the perpetual money-printing machine, Bitcoin imposes discipline and limitation. The “proof of work,” Bitcoin’s cornerstone technology, is not wasteful: it is the necessary cost to ensure the network's security and independence. While the ECB can create billions of euros with little effort, Bitcoin demands an investment, a sacrifice. Perhaps this is the part our leaders overlook: a currency that costs something is far less likely to be manipulated at will by those who want no effort, no limits.
The authors also lament that Bitcoin is “dangerously anarchic,” threatening to destroy order and social cohesion. This argument, besides being patently absurd, betrays a far deeper fear: the fear of losing control. Bitcoin is not anarchic; it is ordered, regulated by a rigid computer protocol, based on principles far more transparent than those of central banks. In reality, it is fiat currencies, whose value depends on arbitrary decisions, that plunge economies into successive crises. As for social order, our bankers strangely overlook the upheavals caused by their own policies. What of the rise of populism, a direct consequence of the inequalities created by this monetary system? What of the growing anger toward a ruling class out of touch with reality and protected by its privileges? What Bitcoin challenges is not society itself, but the idea that society must be ruled by disconnected technocrats.
The ECB continues to stir up the specter of instability to justify its maneuvers. Instability, however, is not Bitcoin’s doing but rather the result of incessant stimulus policies, endless quantitative easing, and a colossal public debt. Bitcoin, by contrast, offers unprecedented stability precisely because it’s designed not to rely on the monetary whims of bureaucrats chasing artificial growth. Our leaders seem terrified by the idea of a currency that doesn’t listen to them, that doesn’t bend to their constant “adjustments.” Their critique, in fact, is the clearest proof that Bitcoin poses a threat to this financialized capitalism. In reality, this critique is less an attack on Bitcoin than an unintentional confession of the fragility of the current monetary system.
Reading these pages, one might wonder why the ECB’s leaders are so obsessed with Bitcoin. After all, if it were as insignificant as they claim, why devote so much energy to it? The answer is simple: Bitcoin is not a harmless alternative; it is a radical one. Bitcoin lays bare our economies’ morbid dependence on monetary manipulation. It reveals the failure of fiat currencies, unable to preserve individuals’ wealth without favoring a minority and squandering the future.
In the end, this ECB article is not so much a critique of Bitcoin as it is a defense of a banking system on the brink of exhaustion. Instead of addressing the questions Bitcoin raises about the validity of their monopoly, they persist in portraying it as a threat, incapable of conceiving of a currency existing outside of their control. But what they refuse to understand is that the age of monetary magic is coming to an end. The world has changed, and Bitcoin is here to remind us that monetary discipline and responsibility are not relics of the past but the foundations of a free and just society.