Quel est le problème avec nos monnaies ?
Les politiques monétaires comme nous les connaissons depuis 50 ans, ont eu pour conséquence de "démonétiser" les monnaies conventionnelles.
Ces monnaies perdent de la valeur dans le temps.
Cela a eu pour effet d'initier il y a plusieurs décennies une grande phase de "monétisation" de certains actifs.
Ce qu'on voit, c'est que certains actifs, comme l'immobilier, les actions ou mêmes les matières premières, ont été monétisés afin de contourner la "démonétisation" de la monnaie.
Ces actifs sont devenus des monnaies synthétiques complémentaires.
Inflation monétaire => Dépréciation monétaire => Monétisation des actifs
Cette "démonétisation" d'un côté, et cette "monétisation" de l'autre, a peut-être été le plus grand vecteur d'inégalités ces dernières décennies dans les pays développés.
Si vous aviez accès à l'effet de levier (c'est à dire au "Crédit"), vous pouviez davantage "monétiser" le fruit de votre travail, et surfer sur la vague inflationniste.
Cette période restera peut-être dans l'Histoire monétaire Occidentale comme l'ère de la "grande démonétisation" des monnaies.
Le problème c'est donc l'inflation
Qu'est-ce que l'inflation ?
Il y a deux types d'inflation.
L'inflation monétaire, qui consiste à augmenter volontairement la quantité de monnaie en circulation. Et, l'inflation des prix, qui lorsqu'elle est généralisée, est étroitement liée à l'inflation monétaire.
Une inflation monétaire exagérée, conduit inévitablement à l'inflation des prix généralisée ou dans un secteur spécifique via le jeu de la tuyauterie de la création monétaire.
Le mot inflation est tendance actuellement, car nous observons des taux d'inflation des prix des produits de consommation que nous ne connaissions plus depuis plusieurs décennies.
Mais l'inflation a toujours été présente.
Pour son calcul, l'indice d'inflation de l'INSEE ne prend pas en compte le logement ou l'énergie par exemple.
L'inflation des prix était jusqu'ici circonscrite à seulement certains actifs.
La nouveauté c'est qu'aujourd'hui ça déborde vers les produits de consommation. Alors, il y a d'autres réalités qui expliquent en partie cette inflation, comme certaines pénuries ou des problèmes de chaînes d'approvisionnement.
Ce que je voulais expliquer ici, c'est que le taux d'inflation est fortement lié à ce que vous achetez.
L'inflation monétaire fait gonfler les prix des produits rares et désirables d'abord.
Dans l'idéal, pour être certain de ne pas perdre de pouvoir d'achat ou en gagner, il faut suivre le taux d'inflation monétaire, et pas le taux d'inflation des prix calculé par l'INSEE.
Alors, vous devez vous demander, pourquoi les banques centrales ont des politiques monétaires inflationnistes alors que l'inflation des prix est un problème admis ?
Si je devais faire le difficile exercice de répondre en une phrase je dirais :
C’est soit l’inflation, soit la taxation, or il est plus facile de faire de l'inflation monétaire que de taxer.
Donc si je résume, si vous êtes plutôt riche, vous avez converti la majorité de vos euros en actifs rares et désirables (immobiliers, actions,...). Si vous êtes de la classe moyenne (celle sans accès au crédit) ou ouvrière, vous épargnez (quand cela est possible). Malheureusement, le pouvoir d'achat de cet épargne s'érode au fil du temps à cause de l'inflation monétaire. C'est grosso modo la même chose pour les salaires qui suivent rarement le taux d'inflation monétaire, et que très partiellement le taux d'inflation (admis) des prix des produits de consommation.
Retenez que pour vous protéger "simplement" de l'inflation qui ronge le pouvoir d'achat de votre épargne, vous aviez jusqu'ici comme solution l'investissement dans l'immobilier ou les actions (par exemple). C'est pas simple et accessible pour tout le monde !
Est-ce que cette inflation est grave pour l'intérêt général ?
J'aurais tendance à dire "oui" pour au moins 3 raisons.
La première, le travail est devenu moins rémunérateur que le capital.
La seconde, la monétisation des actifs tels que l'immobilier ou les matières premières, complique la vie des classes moyennes et inférieures, car ce sont des dépenses contraintes. La part de ces dépenses dans les ménages a explosée en quelques décennies. En parallèle, il y a bien eu un processus déflationniste (meilleure productivité, numérisation de l'économie, délocalisations en Chine,...) pour beaucoup de secteurs (high tech, loisirs, textile, transport, santé,...), mais cela ne compense pas la montée très forte de la part du logement dans les budgets. Se nourrir et se loger sont pourtant des besoins vitaux. A l'inverse, la monétisation de l'art est moins dommageable.
Dans un monde idéal, il ne faudrait pas "monétiser" les actifs utiles
La troisième, c'est la combinaison de la première et la seconde, c'est le déclin relatif de la classe moyenne des pays développés. Ce déclin de toute une classe des pays développés est peut-être en partie le creuset de la reconfiguration politique (populisme,...) que nous constatons en Occident depuis quelques années. Les externalités de la mondialisation a très certainement sa part de responsabilité, mais la politique monétaire en a certainement une aussi, car la "monnaie" forge l'économie, et vice-versa.
Retenez que l'inflation est source d'inégalités et est peut-être la conséquence partielle et insidieuse de l'exaspération sociale dans certaines franges de la société
Et, bitcoin dans tout ça ?
On l'a vu, le problème c'est l'inflation des prix, et avant cela l'inflation monétaire.
bitcoin est un actif qui possède plusieurs qualités dont la principale est la rareté absolue. Il est plus rare que l'or.
C'est un actif qui ne pourra pas être gonflé au delà du stock prévu.
La promesse de bitcoin c'est donc d'être une couverture contre l'inflation.
A très longue échéance, peut-être même qu'il finira par "démonétiser" partiellement ou totalement certains actifs comme l'Or, les obligations, les actions, l'immobilier, qui actuellement sont utilisés comme réserves de valeur.
bitcoin possède les qualités pour devenir le "Compte Epargne Mondial" accessible à tous (riches et pauvres).
Beaucoup de "bitcoiner" perçoivent bitcoin comme une future monnaie complète de masse, mais ce n'est pas mon cas.
Pour finir, je tiens à préciser que bitcoin n'est pas la solution à tout. C'est une promesse de solution séduisante sur le papier et de plus en plus en pratique, mais aujourd'hui encore cette solution comporte des risques élevés (phase d'adoption). Seul le Temps permettra de valider ou non cette solution au problème de l'inflation. Peut-être que bitcoin fera Pschitt et vaudra zéro un jour. Toutefois, les fondamentaux sont objectivement de plus en plus solides, et cela devient très difficile aujourd'hui de ne pas s'y intéresser un minimum.