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Qu'est-ce qu'être libéral ?

Le libéralisme, bien souvent méconnu et caricaturé, se trouve fréquemment au centre de débats animés. Pour certains, il est synonyme d'ultra-capitalisme, pour d'autres, il incarne l'individualisme exacerbé. Pourtant, cette doctrine politique et économique mérite une attention plus nuancée et rigoureuse, loin des préjugés et des anathèmes souvent colportés. En s'appuyant sur les idées développées par Serge Schweitzer dans Le libéralisme : autopsie d'une incompréhension, essayons de comprendre ce que signifie véritablement "être libéral".


Un malentendu persistant


D'après Serge Schweitzer, le libéralisme est victime d'un malentendu historique persistant. Alors que cette doctrine a joué un rôle central dans la promotion de la liberté individuelle, la prospérité économique, et la réduction de la rareté des ressources, elle fait paradoxalement l'objet d'une hostilité farouche. Ce rejet semble profondément ancré, au point que, dans certains contextes, être libéral est plus mal vu qu'être communiste. Une telle incompréhension est pour Serge Schweitzer d'autant plus inexplicable que le libéralisme a démontré son efficacité non seulement sur le plan économique, mais également en tant que garant des libertés fondamentales.


Alors, pourquoi tant de haine envers le libéralisme ? L'une des réponses proposées par Serge Schweitzer réside dans la nature même du libéralisme, qui exige une forme d'ascèse intellectuelle et morale. Contrairement aux idéologies socialistes qui promettent des solutions rapides et séduisantes, le libéralisme repose sur la responsabilité individuelle et la liberté d'entreprendre, des concepts souvent plus difficiles à accepter pour des populations habituées à l'assistance étatique.


Le libéralisme : une doctrine exigeante


Être libéral, c'est avant tout croire en la liberté individuelle comme principe cardinal de l'organisation sociale. Cela signifie que chaque individu doit être libre de poursuivre ses propres objectifs, tant qu'il ne nuit pas à autrui. Cette liberté ne va pas sans responsabilité : chaque personne est également responsable des conséquences de ses actions. Pour le libéral, la prospérité économique et le progrès social émergent naturellement de l'interaction libre et volontaire entre individus, guidés par leurs propres intérêts.


Ce cadre intellectuel se traduit par une défense acharnée du marché libre, que Serge Schweitzer décrit comme l'un des seuls systèmes capables de répondre efficacement aux besoins des individus. Contrairement aux systèmes centralisés ou planifiés, où les décisions économiques sont prises par une élite supposée omnisciente, le libéralisme repose sur la croyance que personne ne peut mieux savoir que l'individu ce qui est bon pour lui-même. L'économiste autrichien Friedrich Hayek qualifiait cette prétention à l'omnipotence de "présomption fatale" : personne, pas même l'économiste ou le politique, ne peut prédire avec certitude les choix futurs des individus.


Le libéral, un dissident par nature


Être libéral, c'est aussi accepter d'être minoritaire. Dans une société où le collectivisme et l'interventionnisme sont souvent la norme, le libéral apparaît comme un dissident, un marginal. Il refuse de céder aux sirènes de l'État-providence et du paternalisme étatique, préférant la liberté et la responsabilité individuelle, même si cela signifie renoncer aux privilèges et aux protections offertes par l'État. Selon Serge Schweitzer, ce choix de vivre "en marge" est souvent mal compris, voire méprisé. Pourtant, c'est précisément ce goût pour la dissidence et cette exigence de liberté qui caractérisent l'authentique esprit libéral.


En ce sens, le libéral ne recherche pas la reconnaissance ou la célébrité ; il n'est pas motivé par le désir de plaire ou d'être accepté. Au contraire, il prend souvent un plaisir paradoxal à défendre des idées impopulaires, à se battre pour des causes perdues d'avance, simplement parce qu'il les croit justes. Cette quête de vérité, même au prix de l'isolement, est l'un des traits distinctifs du libéral.


Une vision à long terme


Contrairement à d'autres doctrines politiques, le libéralisme se distingue par sa capacité à penser le long terme. Alors que le socialisme, selon Serge Schweitzer, privilégie l'immédiateté, le plaisir à court terme et la redistribution sans effort, le libéralisme encourage la planification individuelle, l'épargne et l'investissement pour l'avenir. Il valorise la création de richesse à travers l'innovation et l'entrepreneuriat, plutôt que la simple redistribution des richesses existantes.


Cette différence de perspective est cruciale : là où le socialisme promet un avenir radieux en redistribuant les ressources, le libéralisme parie sur l'innovation et l'initiative individuelle pour créer de nouvelles richesses. Le socialisme, en promettant à chacun de vivre aux dépens des autres, oublie qu'à terme, il n'y aura plus rien à redistribuer si personne ne crée de valeur. Le libéralisme, en revanche, mise sur la liberté et la responsabilité pour encourager cette création de valeur.


Le courage d'être libre


Être libéral, selon Serge Schweitzer, c'est avoir le courage d'être libre. C'est accepter de porter seul la responsabilité de ses choix, de ses succès comme de ses échecs. C'est aussi, paradoxalement, accepter d'être minoritaire dans un monde où la tentation du collectivisme et de la dépendance étatique est forte. Mais c'est précisément ce choix de la liberté, même s'il est difficile, qui rend le libéralisme si précieux.


Le libéralisme ne promet pas des solutions faciles ou immédiates. Il ne promet pas l'utopie.


Ce qu'il offre, en revanche, c'est la possibilité pour chaque individu de se réaliser pleinement, dans le respect des autres, en exerçant sa liberté et en assumant sa responsabilité. C'est cette vision, exigeante mais profondément humaine, qui fait du libéralisme une doctrine toujours aussi actuelle, malgré l'incompréhension et l'hostilité qu'elle suscite souvent.



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