(Autrement dit, "Pourquoi Bitcoin ?" Je vais tenter de répondre brièvement à cette question complexe sans aborder les aspects techniques et multidisciplinaires de bitcoin, ni les concepts sociopolitiques indéchiffrables de la monnaie)
En Occident, la confiance dans le capitalisme, fondé sur un gouvernement restreint favorisant la liberté et l’initiative individuelle, s'est considérablement affaiblie. Depuis près d'un siècle, les États occidentaux sont devenus de grands dépensiers, de fervents emprunteurs et des régulateurs acharnés. Les déficits, jadis rares, se sont généralisés, entraînant une flambée de la dette publique.
Dans les années 1980, les banques centrales ont amorcé une collaboration avec les autorités gouvernementales pour assurer la stabilité du secteur bancaire et financier lors des périodes de turbulences sur les marchés. En parallèle, des programmes d'aide significatifs ont été mis en place par les gouvernements pour soutenir les populations défavorisées et la classe moyenne.
En période de récession, il est essentiel que les autorités soutiennent les chômeurs et garantissent la circulation des capitaux et du crédit sur les marchés financiers. Cependant, les gouvernements successifs ont accumulé des déficits considérables, tant en période de prospérité qu'en période de crise. La doctrine keynésienne a été pervertie pour donner lieu à une ère de stimulation ininterrompue. Cette tentative de poursuivre une croissance illimitée à travers des expérimentations monétaires est une chimère. L'objectif de ces interventions est d'immuniser la société entière contre les ralentissements économiques. En augmentant les niveaux de dette, les autorités ont surtout sapé la solidité, l'efficience et l'équité du système.
Cette bulle mondiale a entretenu l'idée que le libéralisme avait prévalu, alors que la vraie force motrice de l'ère de la financiarisation du capitalisme était en fait l'argent facile fourni par les gouvernements et les banques centrales.
En même temps, la mondialisation a augmenté la concurrence, limitant (jusqu'en 2021) l'inflation des prix à la consommation et renforçant l'idée que les déficits et la dette publique sont sans importance.
Au début du nouveau millénaire, les conséquences de l'argent facile ont commencé à se faire ressentir par une croissance plus faible et moins équitablement distribuée. Les mécontentements se sont manifestés car l'endettement croissant entravait les reprises économiques.
Au centre de l'essoufflement de la reprise se trouve le principal mystère du capitalisme contemporain : l'effondrement du taux de croissance de la productivité. De plus en plus de données suggèrent un environnement commercial saturé de réglementations gouvernementales et de dettes, dans lequel seules les méga entreprises oligopolistiques et mondialisées réussissent alors qu'en bas du spectre un nombre croissant d'entreprises zombies continuent d'exister.
L'erreur fondamentale depuis plusieurs décennies réside dans un excès d'État, et non dans une insuffisance de ce dernier.
Le capitalisme actuel s'est éloigné des idéaux libéraux.
Pour que le capitalisme soit performant, il doit disposer d'un espace où les petites entreprises ainsi que les nouveaux entrants ont la chance de contester, voire de perturber de manière créative, les anciennes structures de richesse et de pouvoir.
En cherchant à plaire à tout le monde, les dirigeants gouvernementaux ont ralenti la croissance, intensifié les inégalités et surtout, renforcé les attentes des citoyens envers les pouvoirs publics.
Pour conclure, il serait bien sûr préférable de miser sur l'espoir d'un futur florissant, démocratique et libéral, mais tant que le capitalisme demeurera en crise, il y aura de la place pour des avancées monétaires capables de transcender l'inflation et les Etats.
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Post-scriptum : Vous vous demandez peut-être pourquoi j'ai choisi d'ajouter cette photo d'un solo miner Bitaxe Supra (qui est le mien, soit dit en passant), à cet article sur les problèmes du capitalisme contemporain ? À mes yeux, cette représentation est une métaphore subtile de la façon dont le capitalisme et le libéralisme se manifestent différemment dans le contexte du mining.