Cet article est une fiction géopolitique.
L'idée principale de mon blog est d'analyser le phénomène bitcoin en profondeur via différentes approches, et d'identifier des scénarios d'évolution.
Je précise une nouvelle fois que je me positionne comme un observateur ou un commentateur, et mes réflexions ne sont pas des souhaits.
Certes, je comprends l'idéal qui anime certains bitcoiners, néanmoins je saisi aussi certains arguments énoncés par les réfractaires à bitcoin.
Je suis largement en phase avec les bitcoiners sur le constat des problèmes du système dominant, cependant je perçois des limites à l'alternative bitcoin.
Si je débats davantage avec les bitcoiners, c'est parce que l'écosystème est quand même beaucoup plus FUN que celui du chantier de l'euro numérique !
Elle est peut-être là aussi la force de bitcoin.
Mais est-ce suffisant pour s'imposer ? Pas certain.
J'ai choisi délibérément de ne pas aller sur le terrain du prosélytisme (oui bitcoin est une "foi", une "foi sociale" comme toutes les monnaies, et j'ai compris ça après avoir lu un livre de Emile Durkheim), car c'est se replier dans un camp, et surtout parce que la trajectoire de bitcoin est loin de cocher toutes les cases d'une alternative encore aboutie et crédible.
Mon postulat le plus fort : le destin de bitcoin est lié au dollar.
Les avertis, me diront, c'est une évidence, rien de nouveau : "on sait bien que bitcoin est étroitement lié au S&P500, ou à la masse monétaire du dollar. Et que bitcoin a été créé pour s'attaquer d'abord au dollar suite à la crise de 2008."
Oui, mais le lien que je vais tenter d'expliquer est différent, et il pourrait avoir un impact beaucoup plus fort sur l'avenir de bitcoin que de simples corrélations avec des indices boursiers ou monétaires.
Comme l'Or, bitcoin ne peut pas être efficacement interdit par les Etats car il s'agit d'une monnaie marchandise dont la confiance n'est liée à aucun émetteur censurable, et par conséquent comme l'Or, bitcoin est un risque monétaire majeur pour les Etats qui disposent d'une monnaie forte.
C'est ce qui explique les réactions très négatives de personnes proches des administrations étatiques à l'encontre de bitcoin, bien que bitcoin soit encore très loin d'être un véritable danger pour les monnaies souveraines. Néanmoins, un phénomène qui puise son énergie dans l'effet de réseau est potentiellement inarrêtable dès lors qu'une masse critique serait atteinte. C'est pourquoi, certains y voient déjà un danger majeur de troubles sociétaux.
Personnellement, j'y vois surtout la preuve incontestable, que ceux qui croyaient que la monnaie était une créature de la loi, perçoivent désormais la monnaie comme une élection populaire.
D'un certain point de vue, il ne faut pas nier que bitcoin est un très grand changement sociétal en théorie, et un très grand péril pour beaucoup, puisqu'il changerait totalement la donne monétaire, économique, patrimoniale, sociale,...
Il faut le dire, sans quoi il y aurait forfaiture vis à vis du collectif.
Si bitcoin devait prendre son envol en tant que monnaie courante (même du fait de l'usage et non de la loi), ou même comme simple monnaie d'épargne, il ne s'agirait pas d'une petite transformation.
La fin du monopole monétaire serait une révolution historique.
Tout n'est pas parfait dans nos sociétés occidentales (concentration de plus en plus extrême des richesses via les actifs financiers, déclin relatif de certaines classes sociales avec l'émergence d'une classe moyenne en Asie, inflation des prix de l'immobilier qui freine l'installation des jeunes ménages ou grève leur pouvoir d'achat,...), mais globalement les classes moyennes des sociétés occidentales semblent encore assez satisfaites du système dominant, car il perpétue une prime à la citoyenneté.
Si vous naissez en France aujourd'hui, même si vous faites partie de la classe la plus pauvre, vous serez toujours plus riche que la classe moyenne de beaucoup d'autres pays dans le monde.
Finalement, pourquoi prendre le risque de tout casser pour s'orienter vers un horizon totalement inconnu alors que tout ne va pas si mal ?
Politiquement, les bitcoiners sont difficilement classables (de gauche, du centre, de droite, communiste, anarchiste, libertaire, mondialiste, localiste, libéral, collectiviste, individualiste, révolutionnaire, antisocial comme l'anomie,...), car vous pouvez être happé par le sujet bitcoin via beaucoup de disciplines différentes.
Il n'y a pas une unique motivation à s'intéresser à bitcoin.
Certains c'est la motivation technique, d'autres c'est le "trading", d'autres c'est l'investissement long terme, d'autres encore c'est pour renverser la table.
Et, nombreux sont ceux qui apprécient la pluridisciplinarité, et aussi quelque part l'intellectualisation du débat, qui est passionnant, avec de l'économie, de l'histoire de la monnaie, de la politique, de la géopolitique, de la sociologie, de l'écologie et même de la philosophie.
En définitive, chez les bitcoiners même les plus avertis, il y'en a beaucoup qui ne veulent pas vraiment une révolution monétaire demain ou après-demain.
Tous les bitcoiners ne sont pas maximalistes.
C'est beaucoup plus complexe et nuancé.
C'est parce que l'idée d'une bitcoinisation de l'économie est peu probable à court ou moyen terme que même des personnes bien installées dans la vie s'y intéressent fortement. Je pense que bitcoin est un moyen pour eux de réfléchir à un système alternatif meilleur.
Le défi climatique est devenu également pressant sur les sujets économiques et donc forcément monétaire.
Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde qui a ses limites est soi un fou, soit un économiste (Kenneth E. Boulding)
Est-ce que le modèle économique orthodoxe peut se remettre en question et se transformer suffisamment pour sauver la planète ?
C'est un autre débat. J'ai écris un article sur ce sujet ici.
bitcoin c'est ça aussi, une utopie, pour faire bouger les lignes.
Deux citations, que j'aime bien dans ce sens :
Le nouveau ne naît pas de l'ancien, mais à côté de l'ancien et lui fait concurrence, jusqu'à le tuer (Joseph Aloïs Schumpeter)
La difficulté n'est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d'échapper aux idées anciennes (John Maynard Keynes)
bitcoin c'est une sorte d'utopie mercantiliste revisitée (en opposition au néolibéralisme) où la richesse accumulée n'irait pas exclusivement au souverain ou à une infime minorité, mais à tous les agents économiques via l'augmentation des encaisses réelles.
Tout ça pour dire, que si dès demain bitcoin remplaçait l'euro, certains bitcoiners auraient la boule au ventre quoiqu'ils en disent.
Est-ce que le marché immobilier chuterait ?
Est-ce que les retraites ou les allocations pourraient être versées ?
Est-ce que la santé pourrait être remboursée ?
Est-ce que les générations futures auraient le même niveau de vie ?
Est-ce que les entreprises pourraient payer les salariés ?
Est-ce que l'Etat de droit (sécurité, justice,...) existerait toujours ?
Est-ce que l'économie entrerait dans une grande dépression ?
Est-ce que l'état pourrait maintenir les services publics ?
Est-ce qu'entreprendre resterait simple (crédits,...) ?
Je pourrais continuer longtemps cette liste d'interrogations qui ne connaissent pas de réponses.
bitcoin ce n'est pas une solution crédible là tout de suite dans nos pays, car globalement, nous avons trop à perdre individuellement et collectivement.
Le "fait monétaire" bitcoin qui est une "croyance sociale" finira donc par buter sur un plafond de verre, car l'effet de réseau devrait ralentir après avoir conquis les primo adoptants.
Pour ces raisons, bitcoin, ne peut pas vraiment être comparé à Internet.
L'adoption d'Internet n'était pas synonyme de révolution dans nos vies. Il y a eu un peu de "destruction-création" au sens de Schumpeter car il y avait des "grappes" d'innovation conduites par des "entrepreneurs innovateurs", mais c'est tout.
La balance avantages/inconvénients du système monétaire actuel est encore loin d'être en faveur d'une révolution, bien que les dérives du capitalisme (hyper) financiarisé soient de plus en plus visibles.
En fait, bitcoin ne pourrait briser ce plafond de verre que dans un contexte politique ou économique plus extrême.
Par exemple, il faudrait que la classe moyenne devienne minoritaire.
C'est antinomique lorsque on l'imagine de manière statique. Une classe moyenne ne se réveille pas classe populaire du jour au lendemain. C'est un processus parfois lent de paupérisation.
Ce déclin peut-être intrapays dans l'absolu, c'est le plus visible et le plus dangereux socialement.
Plus souvent il est interpays. C'est dans ce cas un déclin relatif.
C'est ce que l'Occident vit depuis 20-30 ans vis à vis de l'Asie.
C'est moins visible. La seule chose palpable, c'est une impression de ne plus progresser et de vivre une sorte de stagnation économique.
C'est principalement l'effet de la mondialisation.
Peut-être aussi que nous sommes dans une période où l'innovation technologique devient de moins en moins une source de progrès humain (comparativement à la première et à la deuxième révolution industrielle).
Cette stagnation en Occident a permis de sortir de la pauvreté plus d'un milliard de personnes en Asie, et de créer une classe moyenne là-bas.
Au cours du siècle écoulé, tous les cas de développement économique réussi - lorsqu'une nation pauvre atteint un niveau de vie décent - sont à mettre au crédit de la mondialisation (Paul Krugman)
Nous avons partagé le gâteau, c'est un fait. C'est la fameuse courbe de l'éléphant de Branko Milanovic. Je vous invite à lire son livre "Inégalités mondiales". Un "must-read" pour comprendre la mondialisation et ses effets.
Les politiques ne le disent pas trop. Peut-être qu'ils devraient mieux l'expliquer, mais pas sûr que ce discours d'honnêteté soit entendable par tous, surtout s'il y a un creusement des inégalités intrapays.
En Occident, ceux qui ont le plus souffert de la mondialisation jusqu'ici ce sont les classes populaires et moyennes.
Dans les pays avec un modèle de redistributions élevées comme la France, ce choc de redistribution des richesses mondiales a pu être en partie amorti, toutefois cette mondialisation est quand même souvent mal vécue ou mal perçue chez les français qui n'en ont pas profitée directement. D'où, "L'Archipel français" (Jérôme Fourquet).
Le résultat de ces bouleversements mondiaux est une forte augmentation du populisme (une approche politique qui a tendance à opposer le peuple aux élites politiques, économiques ou médiatiques).
En parallèle, les 1% les plus "riches" de ces mêmes pays, ont profité a plein de cette mondialisation grâce au capital, créant un sentiment d'injustice exacerbé chez certains.
Les politiques monétaires accommodantes ont permis (notamment en Europe), de financer la politique budgétaire (via l'endettement) vis à vis des classes populaires et moyennes pour amortir le choc de cette mondialisation (chômage,...), et maintenir un semblant de croissance.
Mais ces mêmes politiques monétaires ont eu des effets collatéraux, comme l'augmentation rapide et très forte des actifs immobiliers, et des actifs financiers.
C'est le "double effet kiss cool" pour le dire dans un langage plus familier.
Ce sont ces actifs financiers (actions,...) qui ont globalement creusé le fossé.
La libéralisation du secteur financier dans les années 80-90 a contribuée à ce phénomène planétaire.
Les banques se sont largement détournées des crédits aux entreprises (PME-TPE) dans l'économie réelle pour se tourner vers les marchés financiers (multinationales et états), car c'est beaucoup plus rémunérateur et moins risqué.
Malgré tout, depuis quelques années, nous observons une légère contraction du libre-échange à cause de la mise en œuvre de nouveaux dispositifs de protection (normes, taxes, quota,...).
Est-ce le début d'une déglobalisation ?
Je ne crois pas, c'est juste un rééquilibrage car la mondialisation a été trop loin dans la division du travail géographique. Peut-être que nous avons connu le pic de la mondialisation, car une reterritorialisation sensible de l'économie est déjà en cours. La pandémie va certainement accélérer cette dynamique qui était déjà à l'œuvre pour des raisons économiques, sociales et climatiques. Il faudra un recul d'une ou plusieurs décennies pour constater les éventuels changements et améliorations.
Voilà brièvement le contexte politique et économique actuel en Europe notamment.
Je reviens maintenant à notre sujet bitcoin.
Est-ce que ce contexte est propice à bitcoin ?
Oui et non.
Oui, car la mondialisation et la politique monétaire ont des externalités majeures qui peuvent venir nourrir le désir de changement (une sorte de "dégagisme" monétaire après un "dégagisme" politique).
Non, car le déclin relatif des classes moyennes ne remet pas encore en cause le système. Et les classes populaires peuvent toujours être soutenues par des politiques budgétaires et monétaires accommodantes.
Non, car nous sommes peut-être sur la pente descendante de la mondialisation, et que l'avenir est à un retour d'une partie de l'industrie en Occident. Les détenteurs de capitaux auront des retombées plus faibles (charges salariales plus élevées, investissements lourds dans la robotisation,...), et les inégalités auront tendance à se réduire dans certains secteurs (excepté peut-être dans la Big Tech ou Big Pharma, où la possession d'actions et la distribution de dividendes, devraient toujours être très rentable).
En résumé, le Grand Soir de bitcoin n'est pas pour demain.
Et quand bien même le contexte politique, économique ou monétaire (qui est lui même souvent politique et économique) était plus favorable à une adoption massive de bitcoin en Europe ou aux Etats-Unis, que se passerait-il ?
C'est le scénario que craigne certains Etats.
Le scénario d'une sédition monétaire.
On peut se demander alors pourquoi bitcoin n'est pas encore totalement interdit ?
Les Etats pourraient facilement pénaliser l'achat ou la vente via les plateformes d'échanges, pénaliser la détention, ou encore pénaliser l'industrie du mining par exemple.
Le G7 ou G20 pourrait parfaitement décider une action commune coercitive.
Je pense que jusqu'ici bitcoin n'était pas vraiment pris au sérieux. Ce n'était pas un danger.
La pandémie et l'institutionnalisation de bitcoin qui s'en suivit a agit comme un révélateur auprès des pouvoirs publics.
On l'a vu, en cas de crise, et d'hyper expansion monétaire (obligatoire pour maintenir le système financier à flot), bitcoin agit comme un aimant pour protéger ou placer temporairement une partie des liquidités abondantes. Comme l'Or.
L'Or a pu être un risque pour les Etats car il a une valeur monétaire. Les Etats n'ont pas interdit (sauf temporairement) la détention de l'Or pour autant.
Pourquoi ?
La réponse pourrait prendre la citation suivante :
“Un ennemi invisible est pire qu'un ennemi qu'on voit.”
Comme pour l'Or, je pense que pour un riche Etat occidental, interdire bitcoin serait dangereux.
De leur point de vue, une stratégie beaucoup plus intelligente et efficace serait de guider bitcoin vers une voie sans issue, comme pour l'Or.
Cette voie sans issue, consisterait à règlementer uniquement quelques produits financiers bien pensés (ex : des contrats futures).
Ces mêmes produits financiers qui aujourd'hui plafonnent plus ou moins le prix de l'Or.
Il y a deux manières de voir l'autorisation de l'ETF bitcoin en 2021.
Soit, la SEC (Securities and Exchange Commission) a autorisé l'ETF car la pression des institutionnels devenait trop forte, et elle a assoupli les règles car elle ne considérait plus bitcoin comme un danger pour le dollar.
Soit, cette même SEC a autorisé l'ETF car la pression des institutionnels devenait trop forte, et elle voulait se donner les moyens de phagocyter bitcoin dans le futur si besoin, avant qu'il ne soit trop tard.
Maintenant que la financiarisation de bitcoin est officiellement actée, il peut être contrôlé via des mécanismes complexes de marché, même si la manipulation des cours est illégale. Ce qui est illégal pour le commun des mortels, ne le sera pas pour une institution plus étatique. La fin justifiera sans doute les moyens.
C'est la raison pour laquelle, j'évoquais le possible "hiver monétaire" de bitcoin dans un précédent article.
Qui contrôlent bitcoin aujourd'hui ?
Une très grosse partie de capacité de mining est détenue par des entreprises américaines. Cette industrie est guidée par la rationalité (ne pas respecter les règles serait coûteux).
Un ETF futures bitcoin a été autorisé à Chicago (en dollar).
Une très grande partie des détenteurs (dont les plus gros) de bitcoin sont américains.
Les principaux inventeurs-instigateurs-concepteurs de bitcoin sont de près ou de loin liés aux Etats-Unis.
Les plus gros Exchanges sont américains.
En synthèse, même si bitcoin est effectivement un ordre spontané, les Etats-Unis semblent être les maîtres de ce nouvel ordre.
Cela s'est fait via des opportunités (bannissement du mining en Chine,...), plus que par anticipation ou volontarisme forcenée des pouvoirs publics.
En dehors des pouvoirs publics US, les agents économiques privés US (mineurs, détenteurs, startups, banques commerciales,...) perçoivent sincèrement un potentiel dans bitcoin, ce ne sont en aucun cas des entreprises discrètes de sauvegarde de l'hégémonie du dollar. Et ils pourront surement très bien vivre de ce nouveau secteur. Comme des entreprises vivent très bien de l'industrie des métaux précieux (or, argent).
Avec ce premier ETF, j'entrevois donc d'abord une volonté des pouvoirs publics US de canaliser bitcoin, afin d'éviter tout débordement incontrôlable futur.
C'était devenu nécessaire pour l'hégémonie ou domination du dollar.
Qui pouvait raisonnablement croire que la plus grande puissance mondiale allait laisser une monnaie libre attaquer son pré carré international.
Personne ne peut venir contester de près ou de loin le roi dollar, qui octroie encore aujourd'hui un avantage considérable aux Etats-Unis.
La deuxième raison de cette main mise sur bitcoin (dans cet ordre et bien en dessous), est peut-être une question de supériorité technologique.
Si bitcoin peut avoir une valeur technologique élevée (et pas exclusivement monétaire), sans toutefois devenir le canot de sauvetage en cas de déclin progressif du dollar, alors les Etats-Unis en seront les leaders incontestables.
Personnellement, je ne vois pas comment bitcoin peut révolutionner quoique ce soit, s'il a une camisole de force financière US.
En écrivant ces quelques phrases, je pense au Salvador.
Si, cette fiction géopolitique se révélait valide, le Salvador qui espérait gagner en souveraineté en légalisant bitcoin dans son économie jusqu'ici dollarisé, aurait raté son pari.
Si nous prenons tout ceci en considération, il est tout a fait possible que bitcoin "vivote" en dessous d'un certain montant, bien loin en tout cas des pronostics très optimistes sur internet, qui chiffrent bitcoin à plusieurs centaines, voire millions de dollars dans un horizon pas si lointain.
Et cela durera tant que les Etats-Unis le décideront, ou auront les moyens financiers de cette entreprise de cadenassage.
Cela peut durer, très longtemps. Cela fait déjà 50 ans pour l'Or.
J'imagine deux scénarios pour que bitcoin puisse espérer briser le plafond de verre.
Le premier, un évènement rare négatif qui déstabiliserait le dollar. La probabilité est plus que faible même si la Chine a l'ambition de détrôner les US de leur piédestal, elle n'est pas prête encore à chasser le dollar. La fin du pétrole n'est pas pour demain non plus. En revanche, un évènement Cygne Noir est par définition totalement inconnu. Une pandémie mondiale était encore un scénario fiction il y a deux ans. La probabilité de ce scénario est donc extrêmement faible mais pas nulle. Tout dépend de la temporalité. Sur 30, 50 ou 100 ans tout est possible. Est-ce que bitcoin vivra suffisamment longtemps, c'est là aussi une incertitude forte.
Le second, c'est si le mécanisme financier de "contrôle" du prix de bitcoin devenait inopérant. L'offre et la demande "physique" de bitcoin (via les particuliers surtout), et l'augmentation du ratio stock-to-flow, pourraient venir mettre des bâtons dans les roues du bitcoin "synthétique" un jour. A la différence de l'Or qui n'est plus à la "mode", il y a un désir de plus en plus fort de la population mondiale pour détenir du véritable bitcoin.
Pour conclure, bitcoin a échoué a devenir une monnaie courante à date, et bitcoin va potentiellement être freiné dans son ascension de valeur en tant qu'actif monétaire.
A quoi ça sert d'acheter du bitcoin alors ?
Beaucoup de personnes (dont très largement les bitcoiners) ne seront pas du tout d'accord avec ma fiction ci-dessus ;)
Mais pour ceux qui seraient en phase, je dirais que s'exposer à bitcoin c'est comme être dans un "canot de sauvetage" du paquebot "dollar", dans l'hypothèse où il croisait un Cygne Noir.
C'est une exposition convexe au dollar.
Quid de l'euro ?
C'est encore plus de la grande fiction car il y a beaucoup trop de paramètres, mais je dirais que ce n'est pas du tout certain que le paquebot "dollar" mette à disposition le "canot de sauvetage bitcoin" à la rescousse du paquebot "euro" s'il venait à tanguer, puisque l'objectif du commandant de bord américain (Monsieur FED) c'est de garder le "canot de sauvetage bitcoin" inutilisé même pour ces propres passagers.
Pour cette raison, le destin de bitcoin ne me semble pas étroitement lié à l'euro. Il est plus probable que certains passagers du paquebot "euro" monteraient temporairement à bord du paquebot "dollar", jusqu'à ce que de nouveaux bateaux européens plus petits soient construits.
Morale de l'histoire, l'Europe ou la France n'ont pas besoin de règlementer davantage bitcoin, car les Etats-Unis veillent déjà au grain, et ce de manière beaucoup plus subtile et efficace.
Le "America First" (protectionnisme US) est pour une fois une aubaine pour l'Europe, comme lorsque les Etats-Unis étaient le gendarme du Monde.