Why I Am Not a Conservative or Anarcho-capitalist
- C.F.
- 21 nov. 2024
- 3 min de lecture
Le titre que j’ai choisi pour cet article fait écho à celui de Friedrich Hayek, dans son texte célèbre "Why I Am Not a Conservative" où il explique pourquoi, bien qu’opposé au socialisme, il ne peut se revendiquer conservateur. À l’image de Hayek, je suis un libéral classique, et plutôt un partisan de l’école autrichienne européenne, attaché à la défense des libertés individuelles, du droit de propriété et de la responsabilité personnelle. Cependant, je ne suis ni conservateur ni anarcho-capitaliste.
Être un libéral classique aujourd’hui, c’est choisir une posture intellectuelle exigeante. Cela implique une défense intransigeante de la liberté individuelle, tout en rejetant les raccourcis populistes et les utopies déconnectées des réalités humaines et sociales.
Pourquoi je ne suis pas conservateur
Le conservatisme, tel que je le perçois, repose souvent sur une nostalgie du passé et une volonté de préserver des structures et des valeurs jugées immuables. Si je partage avec les conservateurs une méfiance envers les bouleversements imposés d’en haut, je ne peux souscrire à leur approche statique.
La liberté implique le changement, l’adaptation et parfois une remise en question des traditions lorsqu’elles deviennent des entraves au progrès humain. Hayek écrivait que « l’esprit conservateur, par nature, a peur du changement ». En revanche, le libéralisme classique, dans sa dynamique, regarde vers l’avenir.
Il ne s’agit pas d’un rejet aveugle des traditions, mais d’un processus où les individus, en interagissant librement, construisent des institutions spontanées capables de s’adapter aux défis du temps. Une société figée ne peut cultiver la liberté. Elle devient un musée des idées d’hier, incapable de répondre aux besoins d’aujourd’hui.
Pourquoi je ne suis pas anarcho-capitaliste
À l’autre extrémité du spectre, l’anarcho-capitalisme prône l’abolition totale de l’État et une gestion entièrement privée des institutions sociales. Si je comprends la logique de cette position, je considère qu’elle manque de réalisme.
Les hommes ne vivent pas dans un état de pure abstraction. Nous faisons partie de sociétés complexes, où des institutions, même imparfaites, jouent un rôle clé dans la coordination et la stabilité. Je crois en un État limité, garant des droits fondamentaux, mais je ne pense pas qu’il puisse être supprimé sans conséquences graves. Les tentatives historiques de supprimer toute forme de gouvernance centralisée ont souvent conduit à des situations chaotiques ou à des formes implicites de domination par les plus puissants.
L’État, bien que perfectible, est réformable. Une vision réaliste du libéralisme doit reconnaître cette complexité et s’appuyer sur des institutions solides tout en les limitant strictement à leurs fonctions essentielles : la défense des droits et des libertés.
Ni populiste, ni idolâtre
Certains pourraient voir dans des figures comme Donald Trump ou Javier Milei des champions du libéralisme. Pourtant, leur populisme et leur goût pour la polarisation les éloignent des principes que je défends. Si Trump incarne une vision conservatrice populiste, Milei, quant à lui, s’oriente vers un ultra-libéralisme proche de l’anarcho-capitalisme, tout en usant de stratégies simplistes et polarisantes.
Je respecte des personnalités comme Elon Musk pour leur esprit d’innovation, mais sa tendance à adopter un libertarianisme débridé et technophile ne correspond pas au libéralisme rigoureux que je défends. Le libéralisme classique exige une pensée nuancée, enracinée dans les réalités sociales et économiques.
Mon logiciel de pensée
Ma conception du monde repose sur une vision libérale classique structurée autour de trois principes fondamentaux :
Responsabilité individuelle : La liberté implique que chacun assume les conséquences de ses choix, tant pour ses succès que pour ses erreurs.
Société spontanée : Les institutions humaines les plus robustes ne sont pas planifiées ; elles émergent de manière organique à travers les interactions libres entre individus.
Subsidiarité : Ce qui peut être décidé au niveau local ou individuel ne doit jamais être centralisé inutilement.
Ces piliers permettent de concevoir une société fondée sur la liberté, mais structurée par des institutions adaptées et évolutives.
Une ascèse intellectuelle
Être un libéral classique, c’est accepter une ascèse intellectuelle. Cela signifie résister aux solutions simplistes, qu’elles soient populistes, tendances ou technocratiques. Cela signifie également accepter une part d’incertitude : le marché n’est pas parfait, mais il reste le meilleur mécanisme découvert pour coordonner les activités humaines.
Comme l’a écrit Hayek : « Le libéralisme est une foi dans les forces qui, spontanément, guident les hommes lorsqu’ils agissent librement. » Cette foi, rationnelle et éclairée, continue d’inspirer mon engagement et ma pensée.